Jeux vidéo : la science aux manettes

« On quitte les cours à 17 h, et on travaille sur notre jeu jusqu’à 21 h, voire plus »

Plusieurs fois récompensé, le jeu vidéo Anarcute est l’œuvre d’étudiants de l’école Supinfogame Rubika, à Valenciennes.

Rencontre avec l’un des membres de l’équipe, David Rabineau.

Les membres de l'équipe Anarcute. De gauche à droite : David Rabineau, Lucie Viatgé, Tom Victor, Mathieu Leclercq, Félix Roman. © AFJV
Les membres de l’équipe Anarcute. De gauche à droite : David Rabineau, Lucie Viatgé, Tom Victor, Mathieu Leclercq, Félix Roman. © AFJV

Nord Êka ! : Comment est né le projet Anarcute ?
David Rabineau :

L’école Supinfogame Rubika incite ses élèves à participer à la Microsoft ImagineCup, une compétition mondiale réservée aux étudiants. Elle comprend trois catégories, dont une consacrée au jeu vidéo. Avec trois autres étudiants de ma promo, nous avons imaginé et créé Anarcute. Ce n’est pas le jeu entier que nous avons présenté, mais une « vertical slice », une démo qui montre l’esprit du jeu, le gameplay, l’ambiance, les décors. La compétition se déroule en plusieurs étapes. Nous avons remporté la finale française, et nous sommes partis représenter la France à la finale mondiale, à Seattle, en juillet 2014. Nous n’avons pas gagné, mais l’équipe Xbox de Microsoft a remarqué notre jeu. Elle croyait en notre projet. Elle nous a fourni gratuitement le kit de développement pour la Xbox et nous a permis d’intégrer le programme pour les indépendants ID@XBOX. En temps normal, c’est une barrière financière infranchissable pour des étudiants.

Et depuis, que s’est-il passé ?

Nous avons créé notre entreprise. Personne ne nous finance, nous sommes notre propre éditeur. En contrepartie, à la sortie du jeu, personne ne ponctionnera nos gains.

Comment travaillez-vous ?

Nous sommes désormais cinq dans l’équipe, chacun avec un poste bien précis. Tom et Mathieu sont à la fois game designer et programmeur, des postes distincts chez les grands éditeurs de jeu. Le game designer imagine à quoi ressemble le gameplay, c’est-à-dire les principes du jeu, les actions que peuvent réaliser les personnages. Il crée sur le papier les niveaux, place les ennemis. Il s’empare des idées, vérifie qu’elles sont techniquement réalisables. Le programmeur traduit les idées en code informatique, les concrétise. Il veille à ce que le jeu tourne sur un maximum de plate-formes, PC et consoles. Il intègre le travail des graphistes. Quand un niveau du jeu est conçu, il est encore moche. Les graphistes l’habillent, ajoutent des détails comme la lumière, créent des modèles 3D des bâtiments, des textures. C’est le rôle de Félix et Lucie. Pour Anarcute, ils ont effectué des recherches sur l’architecture des cinq villes qui apparaissent dans le jeu. Lucie s’occupe des affiches et des contenus promotionnels.

Et ton rôle ?

Au début, je devais être game designer et chef de projet, mais très vite j’ai abandonné le game design. Je veille à ce que tout le monde possède les bons outils pour travailler, et que l’environnement de travail soit satisfaisant. Ça veut dire, entre autres, remplir le frigo et vider les poubelles. Je m’occupe aussi de la communication, et surtout des relations avec les entreprises partenaires. Je dois être prêt à répondre à toute heure aux demandes de Microsoft ou des éditeurs avec qui nous travaillons en Asie.

C’est toi le chef d’équipe, en sorte ?

Pas du tout. Dans le monde du jeu vidéo, il n’y a pas toujours de hiérarchie et c’est le cas chez nous. Chacun est reconnu comme spécialiste de sa tâche. Ce qui permet à notre équipe de bien fonctionner, c’est que l’on respecte le territoire de chacun.

Combien de temps faut-il pour développer un jeu vidéo ?

Ça dépend du jeu. Trois semaines suffisent pour une appli de mobile. GTA V, ce sont plusieurs centaines de développeurs pendant cinq ans, et un budget de plus de 120 millions d’euros. Un jeu comme le nôtre, entre un an et demi et trois ans.

Une date de sortie ?

(sourire) On ne se risque plus à donner de date, on a déjà reculé plusieurs fois. C’est très compliqué pour nous. On quitte les cours à 17 h, et on travaille sur Anarcute juqu’à 21 h voire plus. Ça demande des sacrifices et beaucoup de discipline. Après deux ans de développement, on a hâte que ça se termine. Le dernier monde est presque achevé. Il faudra ensuite soumettre le jeu à Microsoft, qui lui fera subir un contrôle qualité détaillé. Et si tout va bien, Anarcute pourra sortir.

 

Oh, la belle anarchie !
Screenshot00Envie de tout casser ? Dans Anarcute (contraction de anarchy et de cute), le joueur contrôle un groupe de manifestants. Sa mission : éliminer tout ce qui représente l’autorité en place, les antennes de propagande comme les forces de l’ordre, véritables laveurs de cerveau. Selon les niveaux, le groupe devient individu pour s’infiltrer… ou foule immense pour tout dévaster ! Pour apporter le côté fun, les manifestants sont des « animaux mignons », sauce japonaise, chacun avec sa personnalité. Attention, les gentils se rebiffent ! À découvrir… prochainement.

 

En savoir +

Un avant-goût du jeu sur le site http://www.anarcute.fr

 

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